L’impact du bruit sur la santé : un fléau invisible

« Pas grave, au bout d'un moment on ne l'entend plus ! »

Cette phrase, je l’entends trop souvent. Elle révèle une croyance fermement enracinée : on s’habitue au bruit. Pourtant, il est démontré depuis longtemps que le bruit nous impacte.

En effet, comme nous allons le voir plus loin, les effets du bruit sur la santé sont considérables. Même si nous avons l’impression de nous y habituer, notre cerveau perçoit constamment les sons environnants.

Lorsque nous ne percevons plus un bruit constant, ce n’est pas parce qu’il a disparu, mais parce que notre cerveau le filtre inconsciemment. Il joue un rôle de « bouchon d’oreille » en atténuant une partie des sons pour nous permettre de nous concentrer sur d’autres stimuli.

Mais l’impact du bruit ambiant, lui, est bien réel.

Une étude sur l’impact du bruit qui passe (presque) inaperçue

Chaque année, une étude de l’ADEME évalue le coût du bruit en France.

En 2021, son estimation s’élève à 147,1 milliards d’euros par an !

Ce coût exorbitant se répartit ainsi :

  • 66,5 % sont liés aux transports : le bruit routier représente 54,8 %, le bruit ferroviaire 7,6 % et le bruit aérien 4,1 %.
  • Les bruits de voisinage comptent pour 17,9 % des coûts totaux, dont 12,1 % dus aux particuliers.
  • 14,2 % proviennent du milieu professionnel.

Le tableau ci-dessous, extrait du rapport de l’ADEME de 2021, illustre l’ampleur du problème lié au bruit routier.

Exposition aux bruits

LDEN = moyenne sur 24 heures

LN = moyenne de 22h à 6h (bruits de nuit)

Source : Coût social du bruit en France de l’ADEME 2021

L'impact du bruit est mal compris

Contrairement à une échelle linéaire, où chaque incrément représente une augmentation constante, l’échelle des décibels reflète la façon dont notre oreille perçoit les sons. La physique nous dit que si nous augmentons de 3 dB un son, c’est comme si la source du bruit est doublée !

Par exemple, si un ventilateur émet 50 dB et que nous en ajoutons un autre, le deuxième ventilateur émettra 3 dB, soit 53 dB au total pour les deux ventilateur ! En conséquence, un son de 70 dB est perçu beaucoup plus fort qu’un son de 60 dB….

Pour la vie quotidienne, l’OMS recommande de ne pas dépasser un niveau de bruit ambiant de 53 dB(A) en journée pour éviter une gêne significative. et de 45 dB(A) la nuit pour assurer un sommeil de qualité. Ces recommandations s’appuient sur des études montrant que les risques cardiovasculaires augmentent dès 50 dB d’exposition prolongée (OMS, 2018).

Pourtant, nous pouvons le lire sur le tableau plus haut, 61.3% de la population est exposée à des bruits routiers de plus de 55 dB(A) en journée et 58% sont exposés à plus de 45dB(A) la nuit…

L'impact du bruit sur la santé

Lorsqu’on parle de bruit, on pense d’abord aux effets sur l’audition. Il est vrai que des bruits intenses, même de courte durée, peuvent causer une dégradation de l’audition, voire une perte auditive, de l’hyperacousie (hypersensibilité aux sons, handicapante au quotidien) ou des acouphènes (sifflements ou bourdonnements persistants).

Mais les effets du bruit vont bien au-delà de l’audition.
L’exposition prolongée à des nuisances sonores peut entraîner :

  • un sommeil de mauvaise qualité,
  • du stress,
  • de la fatigue chronique,
  • une irritabilité accrue,
  • des troubles cardiovasculaires,
  • de l’hypertension,
  • un risque accru d’obésité

L’infographie ci-dessous, tirée de l’étude de l’ADEME, résume les impacts du bruit des transports sur la santé en France.

coûts du bruit sur la santé

La prise en compte de l’impact du bruit sur la santé évolue

Heureusement, l’état des connaissance sur les effets du bruit sur la santé s’améliore, tant au niveau français qu’international. A force d’études et de démonstrations chiffrées, la prise en considération du bruit évolue, y compris dans les médias.

L’OMS a notamment réévalué à la hausse ses recommandations de 2018 relatives au bruit dans l’environnement pour la région européenne.

À l’échelle nationale, la collecte et la structuration des données se sont également fortement améliorées, grâce à la constitution d’une base de données des populations exposées au bruit, gérée par le CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) à partir des informations communiquées par les grandes agglomérations et les services des directions départementales des territoires, en charge d’approuver les cartes stratégiques de bruit.


Les villes s’activent pour diminuer l’impact du bruit sur la santé

La prise de conscience avance et certaines villes prennent des mesures spécifiques pour limiter l’exposition au bruit :

  • Paris a adopté un Plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) pour la période 2021-2026, incluant l’installation de revêtements routiers antibruit, la création de zones calmes et des restrictions de circulation.
  • Bruxelles applique des limitations de vitesse à 30 km/h dans plusieurs quartiers pour réduire les nuisances sonores liées au trafic.
  • Barcelone développe un réseau de “superblocks” (super-îlots) où la circulation motorisée est restreinte, réduisant ainsi le bruit et la pollution.

Le rôle des fabricants de matériaux isolants dans la chasse au bruits

Diminuer l’impact du bruit sur la santé passe aussi par une prise de conscience collective :

  • Des campagnes de sensibilisation (ex. : la Journée internationale de sensibilisation au bruit, organisée chaque année en avril).
  • L’encouragement aux transports plus silencieux (vélos, véhicules électriques, transports en commun).
  • Un meilleur respect des règles de voisinage et des horaires pour les travaux bruyants.

Pourtant, dans l’organisation actuelle de la société, il est difficile de réduire rapidement certaines sources de bruit, comme les transports ou les chantiers. C’est pourquoi le développement de matériaux isolants performants est essentiel.

Une bonne isolation acoustique des bâtiments (logements, écoles, bureaux) peut protéger la population des effets délétères du bruit. En intégrant ces solutions dans l’urbanisme et l’architecture, nous pouvons atténuer les nuisances sonores et leurs conséquences sur la santé.

Notre travail, chez Impulsion Acoustique, est d’aider les fabricants de matériaux isolants à optimiser les performances acoustiques de leurs produits. Parce que nous savons à quel point le bruit perturbe nos vies !

Le bruit est un fléau invisible, dont les impacts sur la santé sont encore sous-estimés. Pourtant, il affecte des millions de personnes au quotidien, augmentant le stress, la fatigue et les risques de maladies chroniques.

Heureusement, des solutions existent : urbanisme repensé, réglementation plus stricte, innovation en matériaux isolants… Mais c’est aussi une prise de conscience collective qui fera la différence. Après tout, le silence n’est pas un luxe, mais une nécessité pour notre bien-être.